Tour d'horizon des troubles du sommeil
- lucebarrault
- 23 avr. 2023
- 6 min de lecture
35% des Français dorment mal, 10% ont des insomnies sévères, handicapantes dans la vie de tous les jours.
Le manque de sommeil a des conséquences non seulement sur la qualité de la vie diurne mais aussi sur la santé : il influe sur le fonctionnement du cœur et des vaisseaux, la régulation du poids et les fonctions immunitaires.

Mal dormir peut être dû à différentes raisons, mais le plus souvent, ce sont des causes psychologiques : soucis, stress, dépression.
Dans cet article, je vous propose de faire mieux connaissance avec ces troubles, et d’essayer quelques pistes pour les juguler.
Qu’appelle-t-on « troubles du sommeil » ?
Les troubles du sommeil sont divisés en trois groupes principaux : les dyssomnies, les parasomnies et ceux liées à d'autres maladies.
- Les dysomnies sont des troubles ayant un impact sur le temps de sommeil ou sa qualité. L’exemple typique en est l’insomnie, qu’elle soit d’origine psychologique ou extrinsèque (extérieure), voire d’altitude. Dans ce grand groupe se trouvent aussi les troubles du rythme circadien (bien connu des voyageurs subissant le décalage horaire), la narcolepsie et les troubles du sommeil liés à l’alcool ou à des médicaments.
- Les parasomnies sont plutôt des troubles qui affectent le comportement du dormeur pendant la nuit sans pour autant affecter sa vigilance lorsqu’il est éveillé. Elles sont souvent observées chez l’enfant (cauchemars, terreurs nocturnes, énurésie…) mais également chez l’adulte : bruxisme nocturne, somnambulisme, trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP)...
- Les troubles d’origine médicale : psychiatrique, neurologique, ou liés à d’autres maladies.
Les maladies psychiatriques pouvant provoquer des troubles du sommeil sont par exemple la dépression ou le trouble bipolaire. On les observe aussi dans des maladies neurologiques telles que les migraines, l’algie vasculaire de la face, la maladie de Parkinson, le syndrome de Gilles de la Tourette, la chorée de Huntington…L’asthme et le reflux gastro-œsophagien peuvent également avoir des conséquences sur la qualité du sommeil.
Petit panorama des troubles du sommeil
1 – Les dysomnies
- L'insomnie
- L'insomnie psychogène chronique

(installée depuis au moins 3 semaines) est très souvent due à un stress émotionnel. Elle se caractérise par des difficultés d’endormissement pendant plusieurs heures, des réveils nocturnes ou anticipés.
Il peut arriver que la personne s’endorme plus facilement à des périodes non programmées (lorsqu’elle n’essaie pas de dormir), typiquement devant la télévision, ou dans un véhicule...
- l’insomnie d’origine extrinsèque survient à la suite d’une modification de l’environnement de sommeil (lit d’hôpital, bruit, lumière, ronflement du partenaire…) ou à la suite d’un évènement important (maladie, perte d’une personne proche, changement d’activité professionnelle, examen…). On voit alors une augmentation du temps d’endormissement, des réveils nocturnes fréquents et des réveils matinaux précoces.
- l’insomnie d’altitude survient lors de séjour en haute altitude (tout particulièrement lors des premières nuits) et est liée à la diminution de l’oxygène de l’air. Des pauses respiratoires apparaissent pendant le sommeil. La personne se plaint de réveils fréquents et d’un sommeil de mauvaise qualité.
- l’insomnie liée à la consommation de café (consommation supérieure à 5 tasses) : la caféine est responsable d’une augmentation de la latence d’endormissement, de réveils nocturnes fréquents et d’une diminution de la durée totale de sommeil pendant 8 à 14 heures après son ingestion. Ceci dit, on note des disparités individuelles, chacun n’étant pas sensible de la même façon à la caféine.
- l’insomnie liée à la consommation d’alcool : augmentation des réveils nocturnes (même si l’alcool réduit la latence d’endormissement).
- l’insomnie liée à la consommation de médicaments : elle peut s’observer en particulier lors de la phase de sevrage des hypnotiques.

- Les troubles du cycle circadien entraînent un décalage du rythme éveil-sommeil (envie de se coucher très tard ou au contraire trop tôt) avec une préservation de la qualité du sommeil. C’est comme si la personne n’obéissait plus aux synchronisateurs externes habituels (lumière, activité physique et sociale). Le syndrome de retard de phase est le plus fréquent (il concerne 10 % des insomnies). Jusqu’à ces dernières années, il touchait essentiellement l’adolescent ou l’adulte jeune, mais on voit de plus en plus de personnes atteintes de ce syndrome et qui sont plus âgées ; souvent, elles vivent seules, sont en arrêt de travail ou à la retraite.
La personne ayant un syndrome de retard de phase du sommeil se plaint de difficultés d’endormissement lorsqu’elle tente de s’imposer un horaire normal de coucher et décrit une extrême difficulté à maintenir un horaire normal de lever. L’endormissement est tardif, au-delà d’une heure du matin, associé à un réveil tardif, parfois en début d’après-midi. Ce syndrome a donc un fort retentissement sur la vie scolaire ou professionnelle. En fait, la personne présente un décalage entre son système circadien et les horaires de sommeil souhaités. En revanche, quand elle est en vacances ou dans des circonstances lui permettant d’être libre avec ses horaires et d’avoir la possibilité de se coucher et de se lever plus tard, elle n’a pas de difficultés pour s’endormir, le maintien du sommeil est correct et elle est en forme le jour suivant. C’est donc la notion même de contrainte vis-à-vis d’un coucher et d’un lever précoce qui entraîne l’expression de ce trouble, avec des conséquences en termes de fonctionnement social, de vitalité ou de retentissement physique.

- La narcolepsie provoque des envies soudaines et incontrôlables de dormir dans la journée, des somnolences importantes. Elle s’accompagne de troubles du sommeil nocturne, d'une cataplexie (faiblesse musculaire brutale déclenchée par une émotion), et parfois d'hallucinations visuelles lors de l'endormissement et d'une paralysie du sommeil (le patient ressent comme une paralysie de ses muscles lors de l'endormissement). Elle aurait une origine génétique.
2 – Les parasomnies
- Le somnambulisme

Il est caractérisé par des activités motrices automatiques au cours du sommeil (se lever, marcher). La personne est inconsciente et ne communique pas. Le réveil est souvent difficile et est déconseillé. La cause en reste inconnue.
- Les terreurs nocturnes surviennent pendant les premières heures qui suivent l'endormissement. Elles s’observent surtout chez l'enfant, qui va crier de façon soudaine et présenter une sudation importante, une accélération de sa fréquence cardiaque et un essoufflement. Le réveil peut être difficile lors de l’épisode et l'enfant s’en souvient rarement le lendemain matin. Les parents par contre, s’en souviennent souvent car l’évènement est généralement assez spectaculaire.
- Les cauchemars sont des rêves avec une forte composante d’anxiété. Eux par contre entraînent parfois des réveils complets et un rappel de cet épisode. Ils sont parfois à répétition. Pour retrouver le sommeil après un cauchemar, il est nécessaire de contacter un fort sentiment de sécurité.

- Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) est associé à la période du sommeil où se produisent les rêves. Il entraîne des mouvements parfois brusques ou violents du dormeur qui sont liés à ses rêves ; ceux-ci peuvent être responsables de blessures chez le dormeur ou son entourage. Il peut aussi être responsable de chute du lit. Ce type de trouble est à prendre au sérieux car il peut être le signe du développement d’une maladie neurodégénérative comme Parkinson.
- L’apnée du sommeil provoque des arrêts involontaires de la respiration pendant quelques secondes et à plusieurs reprises durant la nuit et peut entraîner des somnolences et de la fatigue diurne.
- Le bruxisme nocturne : il s’agit d’un grincement involontaire et forcé des dents au cours du sommeil. Le dormeur n’en a pas conscience mais cela peut être fort désagréable pour le conjoint, et abîmer durablement la dentition.
Il s’observe souvent entre environ 20 et 40 ans, et disparaît spontanément. Le stress semble jouer un rôle important dans la genèse de ce trouble.
- L’énurésie nocturne survient le plus souvent chez le sujet jeune. Avant l'âge de 6 ans, elle ne doit pas être considérée comme pathologique. Elle devient rare à la puberté.
Elle peut être due à des troubles émotionnels, des problèmes urinaires (infections, malformations des voies urinaires) ou à de l’épilepsie.
3 – L'hypersomnie

- L’hypersomnie idiopathique se traduit par un réveil difficile le matin (on parle d’ivresse du sommeil) et la sensation d’avoir toujours sommeil. Les siestes, souvent longues, n’apportent pas la sensation d’être restauré, avec parfois même l’impression que plus on dort, plus on a sommeil. Cette hypersomnie est souvent familiale, sans pour autant qu’on ait pu mettre en évidence une transmission génétique.
- L’hypersomnie psychiatrique accompagne certaines formes de dépression en particulier bipolaire. Elle est alors souvent fluctuante, avec des périodes où elle est très marquée entrecoupées de périodes de normalisation. Ces épisodes de somnolence sont souvent très résistants aux traitements, améliorés partiellement par les antidépresseurs et par les stimulants de la vigilance. La photothérapie et l’exercice physique sont des traitements adjuvants intéressants.

Dormir est un besoin fondamental.
Si vous en êtes empêché, tout doit être fait pour éliminer ce trouble.
Lors d’un prochain article, nous étudierons plus profondément l’insomnie, en particulier l’insomnie psychogène, qui est le trouble du sommeil le plus fréquent.
Luce Barrault
Avril 2023
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