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Six idées reçues sur les psys




Dans un article précédent, je vous ai parlé des idées préconçues sur la psychothérapie.

Pour cet article, j’aimerais élargir ce champ à celles des idées que l’on se fait sur les thérapeutes en eux-mêmes.

Moi-même, quand j’ai entamé mon parcours en psychothérapie, j’étais convaincue du bien-fondé de beaucoup d’entre elles – mais je vais tenter de les fragiliser, voire de les annihiler.


N.B. : Dans cet article, je parle des "psys". Ce terme réunit les psychologues, psychothérapeutes, psychiatres, psychopraticiens avec une formation solide.




Idée reçue n°1 : Le thérapeute analyse les gens quand ils parlent

J’étais persuadée de cela. J’étais persuadée qu’un psy, dès qu’il entendait la parole d’une autre personne, savait ce qui se passait dans sa tête et comprenait tout de sa structure psychique – y compris dans la sphère privée, auprès de ses amis et de sa famille.

Eh bien, je vous le confie : ce n’est pas vrai !!



Les processus psychiques que l’on étudie en formation nous donnent une idée du fonctionnement psychologique humain, et peuvent nous aider à mettre en lumière chez la personne qui consulte des pensées, des émotions, des réactions. Il convient cependant d’insister que c’est la prise de conscience par la personne elle-même qui permet l’avancée, et non des étiquettes sorties des livres de psychopathologie.


De plus, même si nous avons cette connaissance, nous sommes bien loin de maîtriser l’entièreté de la complexité de la psyché humaine. L’humilité devant celle-ci est de mise.


Ces connaissances sont des outils pour un accompagnement dans le cadre d’une thérapie ; ce ne sont pas des jugements que nous dégainons pour étiqueter les personnes que nous fréquentons. Dans tous les cas, cela ne se fait pas avec une phrase ou deux, et jamais quand la personne n’a pas de demande. Nous ne sommes pas là pour juger.




Et puis, parfois, on laisse de côté ses outils de travail pour être dans une relation "normale". Si, si, cela arrive aussi aux thérapeutes d’avoir des temps de repos !








Idée reçue n°2 : Le psy peut lire dans nos pensées. Il a un petit côté devin, tout-puissant, magicien.



Même un psy très empathique, même un psy qui a développé des capacités télépathiques, ne peut connaître vos pensées. Pour savoir ce qui se passe dans la psyché de l’autre, il est nécessaire que celui-ci communique.


Malgré les limites que cela suppose, c’est quand même préférable, à mon sens. C’est la liberté du patient d’exprimer ou pas ce qui se passe en lui – et le travail de thérapie s’appuie aussi beaucoup sur cette capacité d’élaboration. Chacun reste maître de ce qui se passe dans sa tête et ce qui en sort, c’est sa liberté fondamentale.


La relation avec le thérapeute demande une confiance totale, c’est un fait. Cette confiance se bâtit sur le respect réciproque des deux protagonistes ; ce respect implique que le psy ne se met pas à la place de l’autre. Il peut comprendre ses émotions, il peut l’aider à les formuler, il peut essayer de comprendre son point de vue – mais il ne se substitue pas à son patient. Ce dernier reste propriétaire de ses pensées et de ses ressentis.


Mais bien sûr, à défaut de lire dans ses pensées, le psy peut l’aider travailler sur elles, à remettre en question ses croyances limitantes, ses pensées négatives et à améliorer son bien-être psychologique.




Idée reçue n°3 : Un psy sait tout et comprend tout



Non, hélas non !!!


Sûr que le psy ne sait pas tout, loin de là, très loin de là. Les connaissances humaines sont infinies et personne ne peut les couvrir en totalité. Et même dans la sphère plus restreinte de la psychologie, le psy ne sait pas tout. On a étudié, on a constaté, on a réfléchi, on a lu, on s’est de nouveau formé, et on continue chaque jour. Chaque jour, de nouvelles études paraissent, de nouveaux livres font avancer notre réflexion, de nouveaux patients nous permettent un élargissement de notre vision.


Il est impossible de tout connaître de la psyché humaine. Elle est trop complexe, trop diversifiée, trop changeante ; elle dépend de trop nombreux facteurs.


Quant à tout comprendre… On s’y efforce, le plus possible. Mais chacun de nous a ses limites. Mais même quand on ne comprend pas, on ne juge pas. Notre rôle est d’entendre ce qui se dit et d’accompagner le patient dans ses prises de conscience, certainement pas de porter un jugement sur un acte ou une pensée. Tout est acceptable, tout est dicible dans le cabinet d’un psy.







Idée reçue n°4 : Le thérapeute dira exactement à son patient comment se comporter dans une situation donnée. Il va trouver des solutions pour lui.


Il arrive, effectivement, que des personnes complètement perdues arrivent au cabinet et demandent que faire, quelle(s) décision(s) prendre dans leur vie. Cela peut effectivement être tentant ; ce serait tellement confortable parfois de ne pas avoir de choix à faire…


Mais si le psy faisait cela, il se comporterait en tyran, régissant la vie des autres selon ses propres normes, ses propres valeurs. Il serait alors dans sa propre vérité, dans sa propre vision de la vie, et non pas dans celle de son patient. Ce n’est pas cela, la psychothérapie.



Une psychothérapie, c’est l’accompagnement d’une personne vers sa propre vérité, vers ses propres choix. Celle-ci peut être dans le brouillard, complètement perdue, et se sentir très démunie – le psy ne pourra que la rassurer sur la certitude qu’elle trouvera une issue, mais ce ne sera pas lui qui le fera à sa place.


Le psy est là pour aider à la croissance personnelle de son patient, à son autonomie. Il va lui permettre de comprendre quelles sont ses valeurs, quels sont les chemins qui lui conviennent, et l’accompagner pour qu’il puisse prendre lui-même ses propres décisions.




Idée reçue n°5 : Les psys se contentent d’écouter et de dire "hmm, hmm..."



L’écoute est effectivement au cœur de la pratique de ce métier. Mais le fameux "hmm-hmm" est plutôt issu des pratiques "classiques" de psychanalyse ; il n’est pas trop utilisé dans les cabinets de psychologues, psychothérapeutes et psychopraticiens. Ceux-ci ont plutôt coutume de relever un propos, en faire préciser un autre, rebondir sur un sujet qui semblait juste effleuré, aider à exprimer une émotion, un sentiment, etc.


Mais il est vrai qu’il y a parfois des silences de la part du thérapeute. Ceux-ci ne sont pas indifférents ; au contraire, ils revêtent plutôt des caractères d’attention et de bienveillance. Parfois, les silences sont nécessaires pour que puissent émerger chez la personne qui consulte une réflexion, une prise de conscience, un souvenir. Le discours, s’il est omniprésent, peut étouffer le travail psychique en profondeur. Il est important de savoir doser…


Lorsque mon confient (le patient qui me fait confiance) est en état modifié de conscience, je laisse beaucoup de place à son expression. Mon écoute est particulièrement attentive, mais mes interventions sont rares, afin de ne pas casser ce lien avec ce qu’il reçoit. Généralement, il me décrit ce qui se passe, mais je ne dis même pas hmm hmm… De temps en temps, parfois, je lance un "oh !" ou un "oui", afin qu’il sache que je l’écoute toujours, mais j’interviens le moins possible.





Idée reçue n°6 : Le psy n’a jamais de problèmes






Oh, si seulement cela était vrai !







Cette croyance rejoint en fait les précédentes, dans un sens d’idéalisation totale de la personne du thérapeute. Parfois, on a l’impression qu’il y a confusion entre le psy et Dieu !! Dieu sait tout, Dieu voit tout, et Dieu est au-dessus des problèmes humains, n’est-ce pas ?


Le psy n’est pas Dieu. Le psy est humain. Il a des forces, des faiblesses, des défaillances émotionnelles, des questionnements, des doutes, et des factures aussi ; il se confronte aux aléas de la vie comme tout un chacun.


Il n’est pas forcément mieux prémuni contre les coups durs de la vie. Même si, quand il a fait un travail sur lui (ce qui n’est pas toujours le cas, il faut le savoir), il possède une certaine clairvoyance sur ce qui se joue en lui, il a également des émotions qui peuvent le submerger, il a ses humeurs, il peut être perdu et douter dans sa vie, comme tout un chacun. Il peut lui aussi avoir besoin de consulter.


D’ailleurs, il est tout à fait conseillé de faire un travail personnel lorsqu’on est psy. Non seulement avant d’ouvrir son cabinet, mais également tout au long de sa pratique. La supervision est plus que nécessaire, et le chemin en soi n’est en fait jamais fini… C’est du moins ma vision personnelle.





Les psys, malgré toutes leurs connaissances,, restent des être humains. Donc aux capacités limitées. Ce n’est pas la peine de les mettre sur un piédestal, ils ne le méritent pas.

Par contre, ils peuvent réellement vous aider par leur accompagnement spécifique.






Luce Barrault

Avril 2025

 
 
 

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