Qu’est-ce que le trouble de stress post-traumatique ?
Le trouble de stress post-traumatique (ou TSPT) est un type de trouble anxieux sévère qui se manifeste suite à une situation où la personne a ressenti une menace pour sa vie ou son intégrité physique, par exemple un accident grave, une agression, un combat en temps de guerre, un désastre naturel, etc.
Cette affection est aussi connue sous le nom de "syndrome de stress post-traumatique" (SSPT) ou "état de stress post-traumatique" (ETSP). Peu importe, c’est le même souci !
Comment se manifeste ce trouble de stress post-traumatique ?
Dans le trouble de stress post-traumatique, trois types de symptômes sont présents en même temps :
Des souvenirs vifs de l’évènement qui s’imposent : des “flashbacks”, des cauchemars. On revit la scène, avec les images, les bruits ou les odeurs – des sensations physiques fortes. On est submergé par des émotions de type peur ou angoisse. Il est impossible d’empêcher ces souvenirs de revenir sans arrêt s’imposer.
L’évitement des pensées en lien avec l’évènement, l’évitement des activités, des situations, des personnes qui pourraient le rappeler. On tente d’éviter les situations et les facteurs déclencheurs qui pourraient nous rappeler l’évènement traumatisant ;on évite également d’en parler. Cela peut aller jusqu'à une amnésie partielle ou totale de l'événement.
Un autre aspect de cet évitement est l’émoussement des émotions qui peut aller jusqu’à une insensibilité émotive. La personne perd intérêt dans des activités qui autrefois la passionnaient, se replie sur elle-même et fuit ses proches. On peut également avoir des difficultés de communication, qui se manifestent notamment par une difficulté à s'exprimer correctement, le fait d'utiliser des mots inexacts et imprécis (notamment lorsqu'il s'agit d'évoquer l'événement traumatisant). On peut avoir de graves difficultés relationnelles et être incompris par notre entourage à cause de cela. Lorsque les facultés mentales, relationnelles ou verbales sont fortement entravées par ces réflexes d'évitement, on parle d'état dissociatif.
Ces comportements d'évitement sont des réflexes qui sont indépendants de la volonté de la personne.
Le sentiment d’une menace permanente, qui peut se manifester par un état de qui-vive, une hyper-vigilance, une réaction de sursaut au moindre bruit inattendu. La conséquence est une difficulté à se concentrer et à mener à terme ses activité. La personne peut souffrir d’insomnie ; elle peut être particulièrement nerveuse et avoir une tendance à s'effrayer facilement, avec une impression constante de danger ou de désastre imminent. Elle peut avoir une grande irritabilité s’exprimant même parfois par un comportement violent. Chez les enfants, on observe parfois un comportement désorganisé ou agité. Lorsque la personne est exposée à des éléments qui évoquent l’évènement traumatisant, il peut survenir un sentiment intense de détresse psychique.
Il y a souvent une anxiété importante associée, voire une dépression associée ou non à des pensées suicidaires.
Y a-t-il des facteurs qui interviennent dans la survenue de ce TSPT, en dehors de l’évènement traumatique lui-même ?
Il faut savoir que tout traumatisme n’est pas systématiquement suivi de ce syndrome de stress post-traumatique, loin de là.
(pour en savoir plus sur le traumatisme, voyez mon article dans ce même blog : https://www.lucebarrault.com/post/qu-est-ce-que-les-psys-appellent-un-traumatisme )
Dans les facteurs favorisant la survenue de ce Trouble de Stress Post-Traumatique, nous pouvons citer :
- lors de l’évènement lui-même : une réaction de peur intense, d’impuissance, de terreur
- la durée du stress : plus il dure longtemps, plus le TSPT a des risques de se développer.
- le manque de soutien social : avoir un réseau solide de soutien peut aider à atténuer les effets du traumatisme. A l’inverse, pas de soutien augment souvent la sévérité du TSPT.
- les facteurs environnementaux de type problèmes financiers, manque de sécurité ou d'accès à des soins de santé mentale, peuvent également influencer le développement du TSPT.
Qui peut être touché ?
Tout le monde peut subir un trouble de stress post-traumatique.
Certaines personnes semblent plus prédisposées que d’autres à en développer un. Ce sont les personnes qui, même avant l’évènement traumatisant, étaient déjà sujettes à l’anxiété ou à la dépression, qui avaient déjà connu des expériences de vie traumatisantes. Il semblerait également que les personnes de type introverti soient plus vulnérables à ce type de troubles.
Il est cependant important de rappeler que tout le monde ne développe pas un TSPT après un événement traumatisant, même s'il présente certains des facteurs de risque mentionnés. La façon dont une personne réagit au traumatisme dépend d'une combinaison complexe de facteurs individuels et de circonstances.
Trouble simple et trouble complexe
A côté du "trouble de stress post-traumatique", décrit plus haut, il existe une seconde forme baptisée "trouble de stress post-traumatique complexe". Le trouble complexe survient généralement lorsque l’évènement traumatisant dure longtemps, ou qu’il se répète sans que la personne puisse fuir ni se protéger. C’est le cas avec les violences sexuelles et les maltraitances dans l’enfance, le harcèlement, la violence au sein du couple, quand la personne est sous emprise ou dépendante, ou encore dans les génocides.
Dans le trouble complexe, d’autres symptômes viennent s’ajouter. La personne a des difficultés à contrôler ses émotions et un manque d’estime pour elle-même. Elle ressent de la honte, de la culpabilité ou un sentiment d’échec personnel en lien avec les évènements traumatiques. Elle a aussi des problèmes pour maintenir des relations suivies dans le temps et se sentir proche d’autres personnes.
Les traitements
Une intervention précoce
Il est recommandé de pouvoir agir le plus rapidement possible après l’évènement traumatique afin de limiter le risque de développer un Trouble de Stress Post-Traumatique.
C’est pour cela que lors des catastrophes naturelles (incendies, inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques…) ou autres (guerre, terrorisme, accidents ferroviaires, explosions, etc.), les institutions sociales mettent rapidement en place des cellules d’urgence d’aide médicale et psychologique pour les victimes et leurs proches.
Des protocoles spécifiques sont développés, comme le defusing, le débriefing, ou encore des protocoles d’EMDR adaptés aux circonstances.
Le defusing a deux fonctions. La première est une fonction d’accueil (il s’agit de réintégrer la victime au monde des vivants dont elle s’est sentie un moment exclue) et l’autre est une fonction d’interlocution : permettre qu’une parole adressée à un autre émerge de nouveau. Ce n’est pas un entretien psychologique, c’est juste de la chaleur humaine et une oreille attentive.
Le debriefing s’effectue après un certain laps de temps, mais qui peut n’être que de 24 heures. Il est conduit par un ou plusieurs psychologues formés à cet accompagnement spécifique. Il s’agit d’aider à formaliser le vécu douloureux de l’évènement tout en respectant ce qui ne peut encore être dit, afin d’éviter que la personne sombre dans un état de stupeur ou de terreur qui empêche toute parole.
Un traitement psychothérapeutique
Je vous invite à vous référer à mon article sur le traumatisme pour avoir une idée des traitements psychothérapeutiques conseillés .
Parmi ceux-ci, par rapport à ce trouble spécifique, il est principalement recommandé :
- L’EMDR
L'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une approche thérapeutique qui repose sur la stimulation sensorielle bilatérale, généralement réalisée en faisant bouger les yeux de gauche à droite.
Ce mouvement va permettre une désensibilisation des émotions négatives associées au souvenir traumatique ainsi parfois que des sensations physiques particulières.
Il permettrait une reprogrammation cérébrale entraînant un soulagement des symptômes liés à ce traumatisme.
- La Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC)
Cette approche se concentre sur la modification des schémas de pensée négatifs et des comportements mal adaptés liés au traumatisme.
Elle vise à aider les individus à développer des stratégies pour faire face aux souvenirs et aux émotions traumatiques.
- L’Hypnose
L’hypnose peut être utilisée afin de réduire les symptômes anxieux accompagnant ce TSPT.
Grâce à l’état de conscience modifié et à la profonde relaxation induite, la personne peur revisiter de façon dissociée l’évènement traumatique, sans être submergée par l’angoisse. Elle pourra ainsi opérer elle-même les changements lui permettant de sortir de son Trouble du Stress Post-Traumatique.
- Un traitement médicamenteux ?
Il peut y avoir besoin de recourir à des traitements médicamenteux : antidépresseurs, anxiolytiques bêta-bloquants éventuellement...
C’est bien sûr votre médecin qui jugera de leur opportunité ou pas.
Ce trouble de stress post-traumatique est particulièrement handicapant.
Mais il y a moyen d’en sortir !
Luce Barrault
Septembre 2023
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