La dépression existentielle
- lucebarrault
- 4 juin 2024
- 10 min de lecture
A la jonction entre philosophie et psychologie, la dépression existentielle est un mal de l’homme intelligent, si j’ose dire. Elle signe l’impact incarné que peut avoir sur la santé les questions philosophiques tournant autour du sens de la vie.

Une quête de sens de la vie
Comment penser notre vie comme une simple succession de minutes, d’événements, d’actions, etc., sans aucune finalité ? C’est vraiment compliqué de penser que tout cela n’a d’autre sens que celui de se produire, sans plus. Nous avons quasiment viscéralement (en fait, sans doute plutôt cérébralement) besoin de trouver un sens à notre venue sur terre, un sens à ce qui nous arrive, un sens aux actions que nous entreprenons. Nous refusons l’absurde de l’existence.
Les questions qui se posent à nous sont profondes, philosophiques, existentielles : qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici, sur cette Terre ? Dans quel but ? Quel est le sens de la vie ? Où allons-nous après la vie ?
C’est sans doute cette dernière question qui est la clé de notre vertige existentiel : qu’advient-il de nous à notre mort ?
C’est terriblement angoissant de concevoir notre finitude, notre disparition pure et simple. Si vraiment, on n’est là que pour mourir, "à quoi bon ?". Ces questions peuvent nous conduire à ce que l’on appelle une crise existentielle voire une dépression existentielle.
Il est cependant à noter que cette question du sens de la vie a été définie par Viktor Frankl (le créateur de la logothérapie, une méthode thérapeutique) comme un besoin fondamental chez l’être humain, pouvant même assumer une fonction protectrice face à des conditions difficiles ou des évènements marquants (dans son cas, c’était dans un camp de concentration). Comme souvent, rien n’est dans son essence bon ou mauvais, c’est la combinaison de plusieurs facteurs qui en donnent la couleur générale. De plus, rien n’est définitivement bon ou mauvais : d’un évènement terrible peut sortir un total épanouissement comme un évènement a priori joyeux peut conduire à un total effondrement.

Dépression existentielle ou crise existentielle ?
Crise existentielle et dépression existentielle ne sont pas de même nature. Elles sont proches, sœurs pourrait-on dire si l’on considère que leurs parents sont les questions que nous avons abordées ci-dessus.
Ce sont des questions qui, en s’imposant à nous, provoquent souvent une sorte de vertige. Bien sûr, chacun de nous est susceptible de se les poser, cela ne signe pas un problème en soi. Pour certains, elles sont fugaces et sont vite remplacées par des soucis plus terre à terre, comment payer cette facture, où aller aux prochaines vacances, que faire à manger ce soir… Mais pour d’autres, elles peuvent devenir ce que l’on appelle des ruminations, des pensées préoccupantes qui tournent et retournent sans trêve, et même évoluer vers une sorte d’obsession, au point d’avoir l’impression que le quotidien n’a plus aucun sens tant qu’elles n’auront pas trouvé de réponses.
Ces réponses sont hélas très personnelles et ne se trouvent pas sur Internet ou dans les livres. C’est bien toute la difficulté, tout le désarroi auquel on peut être confronté. Je me souviens d’une enquête que j’avais menée dans ma jeunesse sur le sens de la vie. Les résultats de ce sondage m’avaient profondément déçue car cette enquête ne m’avait pas apporté l’illumination que j’attendais : je trouvais toutes les réponses que les autres apportaient complètement nulles ! Non pas qu’elles l’étaient en elles-mêmes, bien sûr, mais elles ne me correspondaient pas intimement. J’ai alors compris que c’était à moi seule d’apporter la réponse à cette question, ou plutôt à la question : quel est le sens de MA vie ?
Ce n’était alors qu’une crise existentielle.

La crise existentielle
On pourrait définir la crise existentielle comme un moment de la vie où l’intensité de ces questions existentielles est particulière, dans la mesure où l’on parle de "crise" lorsque c’est court et intense (contrairement à la dépression, qui, elle, s’installe dans la durée).
Lorsqu’une personne est confrontée à faire des choix dans sa vie, des choix importants par exemple professionnels, ou familiaux (avoir un enfant, par exemple), ou spirituels, etc., elle est amenée à se positionner par rapport à des choix de vie. Il lui faut alors quitter ce petit confort qu’est l’addition de moments de vie quotidienne, ces minutes, ces heures, ces jours, que l’on enfile les uns derrière les autres sur un élan, comme on effectue une descente en vélo. A un moment, il faut redonner de l’élan, choisir entre deux routes, réenclencher un processus de remontée, et là, on aime bien avoir une carte pour ne pas se tromper.
Regarder une carte signifie prendre de la hauteur, contempler de plus loin pour choisir sa direction.
C’est de cela dont il est question lors des choix de vie ; la difficulté étant qu’alors, on va s’interroger sur la direction que nous souhaitons prendre, voire la destination que nous envisageons.
C’est cette interrogation, lorsqu’on ne sait plus trop vers où aller, qui entraîne la plongée dans la crise existentielle.

Certains moments de la vie semblent avoir été repérés par rapport à cette crise existentielle : c’est ce que l’on appelle par exemple "la crise de la quarantaine", ou celle "du quart de la vie", voire même "la crise de l’entrée en vieillesse". Certains arguent même que la crise d’adolescence relève de ce genre de crises existentielles – ce qu’elle peut être, effectivement, mais pas systématiquement, loin de là.
La dépression existentielle
Lorsque les questions existentielles entraînent une réelle souffrance psychique conjuguées à des conséquences physiques, on parle de dépression existentielle. Contrairement à la crise, elle s’impose dans la durée.
La dépression existentielle est une forme de dépression. En cela, elle ressemble à toute autre forme de dépression, avec ce sentiment de tristesse permanent, cet état de fatigue constante et généralisée (associée ou pas à des troubles du sommeil) et ce désintérêt pour toute activité. Mais en plus de ces troubles communs aux autres formes de dépression (cf article https://www.lucebarrault.com/post/j-ai-peur-de-faire-une-d%C3%A9pression), elle est associée à un profond sentiment de vide intérieur avec des questionnements existentiels constants voire obsessionnels.

Les questions existentielles provoquant une dépression existentielle ont été catégorisées en quatre grandes thématiques par Irvin Yalom, psychothérapeute et professeur en psychiatrie, dans son livre "Thérapie Existentielle" :
- la réflexion autour de la mort, en particulier lorsque l’on est confronté à elle, par exemple avec la perte d’un être cher. Il s’agit de l’un conflit qui découle de la tension entre la conscience de l’inéluctabilité de la mort et le désir de continuer à être, sans terme.
- la quête de liberté, en lien avec l’incohérence ressentie entre ce que propose la "structure extérieure" (la société, la famille, l’univers du travail…) et ses propres besoins et envies, avec la conscience que l’on ne peut fonctionner sans structure mais qu’elle nous plombe.
- la sensation d’isolement, parce qu’on se sent en décalage avec les autres, avec un manque de compréhension dans les échanges avec eux. Le conflit, là, apparaît dans la certitude de notre isolement absolu (puisque chacun de nous arrive seul au monde et doit le quitter tout aussi seul) et notre désir de contact, de protection, d’appartenance à un tout qui nous transcende.
- le manque de sens, en lien avec l’absence de réponses aux questions concernant le but à atteindre dans la vie. L’être humain est avide de sens et semble parachuté dans un univers qui en est dépourvu.
Les caractéristiques de la dépression existentielle
En plus des symptômes habituels de la dépression, on observe dans le cas de la dépression existentielle les signes suivants qui sont caractéristiques :
La quête obsessionnelle de sens
Le sentiment de décalage
La perte d’identité de soi
La sensation de vide intérieur
L’insatisfaction permanente

1 - La quête obsessionnelle de sens
La personne s’interroge sans cesse sur la valeur de l’existence humaine et sur le but de la vie. Ces questions tournent et retournent, imprègnent le quotidien et les nuits, et sont concomitantes avec l’impression prégnante que sa propre vie est insignifiante.

2 – Le sentiment de décalage
Il s’agit d’une sensation d’être toujours en décalage avec son entourage, que ce soit à cause de différences culturelles, de conflits de valeurs, ou simplement d’incompréhension totale avec la personne en face. Ce sentiment peut être associé avec un sentiment de vertige, voire de solitude vertigineuse.
Il est assez fréquent de se sentir rejeté, incompris, voire même ignoré, dans cette souffrance qui est là. décalage
Les relations interpersonnelles sont de fait moins riches, d’autant plus que les questionnements constants poussent à s’isoler. L’entourage ne comprend pas forcément cette attitude, les échanges se raréfient, et il est possible à ce moment-là de ressentir comme un abandon de la part des autres, et un effrayant sentiment de solitude profonde.

3 – La perte d’identité de soi
Les conséquences de ce questionnement existentiel permanent sont souvent une sensation de déconnexion de sa propre histoire et de sa personnalité. Cette dépression remet en question les paramètres fondamentaux de l’identité, avec une remise en question profonde de qui on est vraiment et de son rôle dans son environnement avec des questions de type :
Quelle est ma mission de vie ?
Quelles sont les actions qui comptent vraiment ? Perte identité
Qui dois-je être dans ce monde ?
Comment faire pour avoir un impact sur le monde ?
Ces questionnements sont angoissants et peuvent générer du désespoir ou de la frustration, voire de la colère, en particulier envers soi-même qu’on juge insuffisant par rapport à l’enjeu que l’on détecte.
Certaines personnes peuvent se sentir complètement déconnectées de leur corps pendant cette période. Elles ne se sentent plus du tout en phase avec l’image qu’elles renvoient ou celle qu’elles ont d’elles-mêmes, ce qui est une terrible souffrance.

4 – La sensation de vide intérieur
Cette sensation de vide intérieur s’appuie sur une perte d’intérêt pour les activités du quotidien qui semblent futiles, inconséquentes ; même des activités qui auparavant pouvaient mobiliser la personne lui semblent à présent sans intérêt.
Ce vide intérieur révèle une angoisse existentielle prégnante, qui s’appuie sur l’insatisfaction et la frustration causées par le manque de réponses aux questions existentielles.
De plus, il peut sembler à la personne qu’elle est coupée de ses sentiments, comme si elle ne ressentait plus aucune émotion. C’est que la fatigue engendrée par ces questions sans réponses qui tournent en boucle provoque une sorte de détachement des sensations physiques des émotions (douleur, joie, surprise, etc.), associée à une impression de mollesse, d’atonie des muscles du corps.
Cette sensation de vide mène parfois à des pensées mélancoliques, une perte d’énergie drastique et peut même aller jusqu’à l’apparition d’idées noires.

5 – L’insatisfaction permanente
Quels que soient les résultats des tâches entreprises, que ce soit au travail ou dans la sphère privée, la personne se sent insatisfaite d’elle-même, de ce qu’elle réalise. Rien n’est à la hauteur des enjeux des questions qui la taraudent, et la routine semble insupportable.
Aucune activité, qu’elle soit professionnelle, familiale, sociale, de loisir, n’offre de plaisir – même celles qui auparavant en procuraient. En conséquence, il est fréquent que les relations amicales, familiales, conjugales, se détériorent, ce qui entraîne aussi souvent une forte culpabilité. Cela peut même aller jusqu’à une phobie sociale ou une phobie de l’école pour les adolescents.
Même la relation avec soi-même devient délicate. L’estime de soi est au plus bas, la personne se sent insuffisante, sans valeur, indigne de vivre.
Plus de dépression existentielle chez les HPI (Haut Potentiel Intellectuel) ?
Il semblerait que l’on ait remarqué une potentielle prédispositon à ce trouble chez les hauts potentiels intellectuels.
En effet, du fait de leur hypersensibilité, leur idéalisme et leur détail de la cohérence, les HPI se posent naturellement beaucoup de questions existentielles, profondes et complexes, et auraient plus de mal que les autres à se satisfaire de l’absence de réponses consensuelles. Cela favoriserait la survenue de dépression existentielle.

Comment soigner une dépression existentielle ?
Pour sortir d’une crise existentielle, il va falloir cheminer dans sa réflexion sur le sens de la vie. Tenter de trouver ses réponses personnelles. Cela ressemble à une véritable quête, avec un cocktail de questionnements aux autres, de lectures, de réflexions, d’observations de soi, etc. Il est bien sûr possible de se faire aider dans ces cas-là, et plusieurs des méthodes que je propose peuvent donner un coup de main : psychophanie, auto-hypnose, voyage au tambour.
Pour une dépression existentielle, le travail sera plus long (puisque le mal est plus profond) et il sera sans doute nécessaire de s’appuyer sur une médication de type antidépresseur et/ou anxiolytique, afin de permettre ce travail psychique. Le souci, lorsque l’on est englué dans la dépression, est que l’on n’a pas les moyens d’en sortir : le physique comme le psychique ne répondent plus ; il a alors nécessité de remettre la "machine" en route avant de pouvoir reprendre le chemin de la quête de ce Graal qu’est le sens de sa vie.

Pour cette quête, je vous propose un petit cocktail des différentes pratiques que je maîtrise :

Dans un premier temps, je propose de faire un nettoyage énergétique, ce que l’on appelle une extraction en soin chamanique.
Il s’agit d’un soin au niveau des corps subtils. Au fil de la vie, ceux-ci peuvent s’abîmer et se charger d’éléments indésirables qui empêchent un fonctionnement optimal de la personne. Ces éléments sont de véritables parasites qui ont souvent pour effet de faire baisser son taux vibratoire spirituel, provoquant parfois des effets bien concrets : fatigue, doutes, irritabilité, mauvaise humeur, etc. Le soin au tambour va permettre un nettoyage de ces masses, ce qui provoque souvent un regain d’énergie et permet d’aborder la thérapie en elle-même dans les meilleures conditions.

Ensuite, on va associer discussion et états modifiés de conscience (avec l’auto-hypnose ou avec le tambour chamanique) pour plonger au cœur de l’inconscient de la personne et aller trouver les réponses qui s’y trouvent.
Ces réponses pourront prendre la forme de révélations, d’images, de messages, peut-être de musiques, d’odeurs, etc. Elles seront parfois très claires et parfois plutôt obscures ; c’est vraiment un cheminement à faire de concert avec moi.
La discussion est nécessaire pour creuser au niveau des croyances, des valeurs, des représentations, du vécu de la personne, et permettre de décrypter les messages parfois bien voilés de l’inconscient.

Pour aider dans ce cheminement, le recours à la psychophanie peut être intéressant. Là aussi, il s’agit d’aller interroger son inconscient, son âme, pour construire peu à peu des réponses à ces questions existentielles.
Quoi qu’il en soit, le chemin est long. Aucune de ces techniques n’est magique. L’inconscient ne permet que des informations ne filtrent de lui que petit à petit, car le conscient n’est pas capable de tout recevoir d’un seul coup. C’est donc vraiment un chemin qui se dessine dans le temps, comme un brouillard qui se lève peu à peu, couche après couche.

Par ailleurs, je ne saurais trop conseiller le recours à la méditation, qui, entre autres bienfaits, permet une mise à distance des ruminations et l’émergence de solutions insoupçonnées.

Sortir d’une dépression existentielle, c’est renaitre à la vie autrement plus fort.
Luce BARRAULT
Juin 2024
Pour en savoir plus :
- sur les soins chamaniques :https://www.lucebarrault.com/tambour-chamanique et https://www.lucebarrault.com/post/les-soins-chamaniques-pour-se-reconnecter-a-sa-veritable-nature
- sur la psychophanie : https://www.lucebarrault.com/la-psychophanie et https://www.lucebarrault.com/post/la-communication-et-la-psychophanie-en-questions:
- sur mes différentes approches psychothérapeutiques : https://www.lucebarrault.com/th%C3%A9rapies-et-soins
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